Colloque Libertés et Handicaps
Colloque Libertés et Handicaps
Colloque Libertés et Handicaps - 26 mars 2011 - Saint Herblain (près de Nantes)

En savoir plus sur les intervenants

Il reste des places pour ce colloque

9h30 Danielle Moyse

9h30 Danielle Moyse


Danielle Moyse, philosophe, enseignante, agrégée de l’Université, chercheuse associée à l’IRIS (Institut de Recherche Interdisciplinaire Sur les enjeux sociaux CNRS /EHESS), a essayé d’aborder les questions éthiques soulevées par le développement du dépistage prénatal à partir des analyses des personnes en situation de handicap. Elle est l’auteur de nombreux livres et articles sur la place de ces personnes dans la société. Elle est également membre de l’équipe d’accueil de l’espace éthique de l’AP-HP.

Beaucoup d’hommes et de femmes atteints dans l’intégrité de leurs aptitudes physiques et intellectuelles disent souffrir davantage du regard posé sur eux que de leurs propres limitations. En effet, regarder et voir ne sont pas seulement des perceptions, mais des actes en lesquels se joue notre appartenance à la communauté humaine : être regardé, c’est être humanisé ou déshumanisé, et regarder, c’est être humain ou inhumain...

Pour plus de détails, voir le lien "En savoir plus sur Danielle Moyse"

10h Elisabeth Zucman

"Je suis médecin de réadaptation fonctionnelle. J'ai beaucoup travaillé auprès d'enfants puis d'adultes atteints de polyhandicap. Premier médecin directeur du CESAP de 1964 à 1974, j'ai ensuite été conseillère technique et chercheur au CTNERHI (Centre Technique National Etudes et Recherches Handicaps et Inadaptations) jusqu'en 1985. A partir de cette date et jusqu'en 1992, j'ai été médecin responsable de l'Établissement Médico-Psychologique et de la Maison d'Aide Spécialisée des amis de Karen et professeur à l'Institut National Supérieur de Formation et de Recherche pour l'Éducation des jeunes Handicapés et les Enseignements Adaptés (INS HEA) de Suresnes.

Actuellement je suis formatrice, membre du conseil scientifique et pédagogique de l'Association Pour les Adultes et Jeunes Handicapés (APAJH) et Présidente d'honneur du groupe Polyhandicap France (GPF)."

Vous pouvez visionner la conférence donnée par Mme Zucman au Conseil Général de Loire-Atlantique le 27 novembre 2010 lors de la journée "Enfance & Handicap" en cliquant ici.

Handicap Éthique et Libertés

Les situations de handicaps, quelle que soit leur gravité objective, mesurable, quelle que soit l'origine, leur cause, font peser sur la personne de multiples contraintes. La plus douloureuse étant le regard apeuré et dévalorisant posé par autrui sur toute personne visiblement différente.

Or Emmanuel Lévinas a défini l'éthique comme le garant majeur de la liberté de chacun conjointement à celle d'autrui avec qui on est en interaction. L'éthique est donc le meilleur garant du lien social entre la personne handicapée et son environnement humain, elle étant libérée, libérée de la solitude, de la dévalorisation et du rejet ; les autres libérées de la peur, de la culpabilité, de l'impuissance.

Comment cette liberté partagée peut-elle naître de la réflexion éthique et se traduire concrètement dans la rencontre ?

Certes l'éthique est l'école de liberté ; mais la liberté issue de la réflexion éthique ne saurait être celle d'un individu isolé qui ne défend que ses propres droits ; elle est la liberté mutualisée par celle d'autrui avec qui on est en interaction ; la responsabilité éthique cultive la "liberté conjointe" dont parle Lévinas qui fait de chacun de nous, personnes handicapées, parents, professionnels et membre de la société... les citoyens d'une même communauté.

Pour plus de détails, voir le lien "En savoir plus sur Élisabeth Zucman"

 

10h45 Regina Ubanatu (table ronde)

10h45 Regina Ubanatu (table ronde)

« J’ai su très tôt qu’il fallait m’affranchir de la pensée rassurante pour grandir, pour franchir l’autre monde. Comment rester indifférente à ce que pensent les autres, à « ce qui est bon pour l’autre» ? Aujourd’hui, le « C’est pour ton bien !», maintes fois entendu, s’est progressivement éclipsé de mes pensées et à jamais de mes écrits.
Beaucoup de chemin reste encore à parcourir. Il faut continuer à nous interroger et ne rien espérer. Après tout, n’est-ce pas cela vivre ? S’interroger sur son être, son rapport à l’autre, s’autoriser le champ des possibles, agir….
S’interdire de penser en lieu et place de l’individu « empêché » reste l’une des belles médications pour celui qui sait douter…

 

 

Ma conviction : ce qu'il manque probablement aux personnes en situation de handicap et surtout aux femmes, c’est de se faire pleinement confiance et de viser la réussite sur le plan personnel, familial et social».

 R. UBANATU
 

En savoir plussur Regina Ubanatu sur France 3 : http://ma-tvideo.france3.fr/video/iLyROoafIO1E.html

 

10h45 Paul Samanos (table ronde)

10h45 Paul Samanos (table ronde)

"Un mot sur moi… Tétraplégique depuis l’adolescence, j’ai aujourd’hui 42 ans, suis journaliste et vis à Nantes où je travaille épisodiquement pour plusieurs agences de communication. Mais, c’est au titre de «dessinateur humoristique» que je participe au colloque : depuis 20 ans, je pratique en effet librement cette forme d’expression et suis l’auteur d’un album sur le handicap intitulé Fauteuils en état de siège…

Quelques mots sur mon intervention… Sans être très savant, on se doute bien que les entraves aux libertés sont légions pour les personnes handicapées. Les plus spectaculaires sont externes : inaccessibilité des lieux, préjugés du public, manque de moyens économiques... Mais c’est aux entraves internes, celles que les personnes handicapées portent ou s’imposent à elles-mêmes que je compte m’intéresser, à travers, notamment, l’exemple de mes petits héros dessinés..."

Pour en savoir plus :

ITV de Paul Samanos par maville.com   et dans le Journal de France 5

14h20 Hervé Rihal

Professeur agrégé de droit public à l’Université d’Angers depuis 1992, Hervé RIHAL dirige, au sein du Master Droit des interventions publiques de cette université, le parcours Droit des interventions sanitaires et sociales des collectivités territoriales ; il enseigne également à l’Université de Nantes.
Chercheur au Centre Jean Bodin de l’Université d’Angers, il co-dirige le pôle social du GRALE (Groupement de recherche sur l’action des collectivités locales en Europe). Il publie chaque année plusieurs articles dans la Revue de droit sanitaire et social et dans l’Actualité juridique droit administratif sur les différents aspects de l’aide et de l’action sociale : enfance, revenu de solidarité active, personnes handicapées…
 

Le « bloc de constitutionnalité » comporte, outre la Constitution du 4 octobre 1958, trois textes fondamentaux : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, la Charte de l’environnement de 2004. Bien sûr, tous ces droits sont ouverts aux personnes handicapées. Pourtant en fonction du handicap dont elles sont atteintes, dans la pratique, ces personnes subissent des restrictions à l’exercice de ces droits. Ce sont des exemples de ces restrictions que nous tenterons d’inventorier dans l’exposé qui pourra être suivi d’un débat.

15h Michel Desjardins

15h Michel Desjardins

Michel Desjardins est Professeur assistant d'Anthropologie au Département de psychologie de l'Université de Saskatchewan (au Canada) et auteur de Handicap, sexualité et procréation : une approche anthropologique et sociologique des reconfigurations des normes conjugales et parentales par le handicap.
 

Nous vous proposons dans le cadre de ce colloque, Michel Desjardins parle, lors de l'entretien filmé de son expérience de vie, durant deux ans, auprès des personnes en situation de handicap résidant dans des logements en semi-autonomie.  Cette expérience a conduit l'antropologue à écrire une livre intitulé Le jardin d'ombres. La poétique et la politique de la rééducation sociale (Presses de l'Université du Québec, 2002; Collection Problèmes sociaux & Interventions sociales).

L’auteur nous montre, dans cet ouvrage, le système de signes et d’illusions qu’utilise la société québécoise pour exclure les personnes classées déficientes intellectuelles et comment les établissements de services du Québec confinent ces personnes dans une marge voilée où elles s’épuisent leur vie durant à réduire leur altérité. Là, à l’écart des autres, elles imitent la vie des personnes dites normales dans un monde parallèle invisible, un lieu-exclu qui reproduit, à une échelle réduite, en miniature, tel une oeuvre d’art, le monde de la majorité. La rééducation sociale n’est donc pas un rite de passage mais bien un rite d’expulsion maquillé en rite d’agrégation : elle met à l’écart tout en créant l’illusion qu’elle inclut.
L’antique exclusion sacrée de l’idiot est ainsi perpétuée sous une forme atténuée qui l’harmonise à la démocratie et aux droits de l’homme. Une question s’impose alors à nous tous, que nous soyons les complices aveugles ou les maîtres d’oeuvre de cette supercherie : Quel sort doit-on réserver à cette institution ? Doit-on l’abolir, la réformer, la maintenir ?
Michel Desjardins examine cette question en considérant les avantages que ce rite d’expulsion déguisé procure d’une part à la société et d’autre part aux bénéficiaires, tout en soulignant le supplément d’être que ce rite leur apporte.
 

Pour en savoir plus : cliquez ici

Flash info :

Michel DESJARDINS participera, par le biais d'une liaison internet, à la table ronde prévue à 16h. 

 

15h15 Denis Vaginay

15h15 Denis Vaginay

"Docteur en psychologie clinique, travaillant en institution (IME) et en libéral, formateur, conférencier, j’interviens dans le domaine du handicap depuis plus de vingt-cinq ans et, plus spécifiquement, dans celui de la sexualité (en liant les deux) depuis une quinzaine d’années. J’ai régulièrement publié sur le sujet (livres, articles, préface dont les principaux sont cités dans la bibliographie présentée en annexe). J’aide à la formation d’équipes et j’ai le plaisir et l’avantage d’en accompagner certaines depuis plusieurs années.
Je collabore régulièrement avec des juristes et des anthropologues, ces deux approches étant, à mes yeux, indispensables pour bien saisir les implications et les enjeux de nos questionnements, de nos actions et de nos choix".

Liberté et vulnérabilité : handicap, du fragile au possible

Les lois convergent et confirment les nouvelles orientations sociales : la place des personnes handicapées s’élargit et se clarifie. Au point que, dans le fil des droits de l’Homme, nous reconnaissons que le statut de chacun, quelles que soient ses particularités, est similaire à celui de tout autre. Mais ce sont encore les personnes non handicapées qui promulguent les droits de celles qui le sont et qui considèrent naturel d’occuper la fonction de celui qui vérifie que ces droits sont bien utilisés et qu’ils n’occasionnent pas de difficultés prévisibles. C’est là que réside l’ambiguïté actuellement indépassable qui consiste à ouvrir le champ naguère interdit de certaines pratiques relationnelles, notamment dans le domaine de la sexualité qui comprend aussi, et indéfectiblement, celui de la parentalité comme une option possible. Un frein est mis à cette ouverture au nom d’une vulnérabilité dont la réalité est implicitement acceptée par tous sans jamais être véritablement évaluée et sans, surtout, que soit pris en compte l’avis des personnes concernées qui, finalement, sont encore très peu écoutées. Il reste encore un long chemin à parcourir pour accepter réellement l’implication revendiquée des personnes handicapées dans leur propre vie.

 

15h40 Miguel Benasayag

15h40  Miguel Benasayag

Une personne en situation de handicap aspire à être considérée comme tout un chacun. La question de l'autonomie est ainsi souvent posée. Est-elle compatible avec celle de la vulnérabilité ? Jusqu'où et à quel prix peut-elle se gagner ?
Miguel Banasayag porte également un regard sur la notion de fragilité comme condition de l'existence et lien avec autrui. Assumer cette fragilité est le défi de tout un chacun.

Miguel Benasayag est philosophe et psychanalyste. Il anime le collectif «Malgré tout» et est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Connaître est agir avec Angélique del Rey, professeure de philosophie (2006) et Éloge du conflit (2007).

Pour découvrir Miguel Benasayag vous pouvez écouter la conférence "L'individu dans le collectif" sur le site de l'ADAPEI 44

 

16h Jocelyne Vidard (table ronde)

16h Jocelyne Vidard (table ronde)

Jocelyne VIDARD, ex-enseignante en espagnol, mère de 2 enfants et grand-mère de 4 petits-enfants. Mon mari et père de mes enfants est décédé accidentellement à l'âge de 34 ans. Je n'emploie pas le mot: veuve, volontairement, tellement ce mot est laid, d'ailleurs, il a été très galvaudé.

La pathologie qui tente de faire de moi son esclave, mais contre laquelle je lutte à chaque instant, s'appelle ataxie de Friedrich. C'est une maladie rare (enfin pas tant que ça) congénitale et évolutive.

Je suis actuellement conseillère municipale à Saint-Herblain pour le deuxième mandat, déléguée à la programmation des grands équipements.

Etre porteur de handicap est par définition: avoir un désavantage donc une atteinte à la liberté plus ou moins grave selon l'importance des obstacles : physiques et psychologiques.
Ma propre attitude dans la vie est d'évacuer rapidement de ma tête, tout ce que mon corps, ce traître, me fait subir. C'est une véritable dichotomie entre le corps et l'esprit : c'est ma recette et ça me permet de garder le sens de l'humour, donc la liberté de l'esprit. 

Mes activités de conseillère municipale m'ont fait apprécier combien il est difficile de faire tomber les barrières psychologiques et son cortèges de discriminations perverses et sournoises tellement habituelles que ceux qui les pratiquent n'en ont même pas conscience.

Ma seule présence au sein de l'équipe municipale montre, de manière concrète, les obstacles physiques qui nous basculent vers les problèmes d'accessibilité et d'adaptations qui devraient me permettre d'évoluer librement et d'atténuer les préjugés concernant les personnes en situation de handicap au travail. Tout n'est pas réglé, et même devons-nous dire, qu'il reste encore beaucoup à faire !

Vivre sa vie de citoyen engagé, c'est être acteur de la vie de la cité, c'est participer à la question de l'évolution de sa commune. C'est placer la ville dans l'agglomération, la région, l'ouvrir sur l'Europe grâce aux échanges avec les villes jumelles : Allemagne, Espagne, Irlande, Roumanie et même au-delà à l'exemple du Sénégal et de la Palestine.

ERRATUM : Jocelyne VIDARD ne pourra pas être présente au colloque et s'en excuse. Paul Samanos se fera donc son porte-parole par la lecture d'un texte en son nom. 
 

16h Samuel Landier (table ronde)

16h Samuel Landier (table ronde)

C'est en agissant au sein d'associations que Samuel Landier a pris conscience des limites de cette action et qu'il s'est engagé en politique pour mettre en oeuvre ce qu'il a contribué à élaborer. Après avoir été conseiller municipal de Rezé, une ville de la banlieue nantaise qui compte 38.000 habitants, de 2001 à 2008, il est depuis sa réélection en mars dernier adjoint à la solidarité, en charge de la santé, des personnes âgées ou handicapées, et du logement. C'est essentiellement ce dernier dossier qu'il suit, les autres domaines étant pris en charge par des conseillers municipaux délégués : "Dans le cadre de mon premier mandat de conseiller municipal, j'ai voulu que les personnes handicapées soient présentes dans l'action participative quotidienne, qu'on les prenne en compte dans chaque secteur de l'action communale Pour mon second mandat, j'ai préféré que ce soit une conseillère de la communauté d'agglomération qui préside la commission communale d'accessibilité. Ça évite que tout me retombe dessus, c'est important pour l'intégration. Ce qui me motive dans la politique, c'est le croisement de la pluralité de visions du monde. Parce qu'il faut sortir des vieux clichés, en s'engageant pour favoriser la transversalité : par exemple, faire porter les subventions pour le handicap par les secteurs concernés, comme la culture à l'occasion d'un spectacle adapté

 

Portrait sur le site de Yanous